perte de chance et spasme laryngé

Publié le par Germi

Aujourd'hui c'est le jour du coup de gueule sur deux sujets à mon avis cruciaux et qui font que notre profession aime bien se tirer une balle dans le pied...

Le spasme laryngé

http://www.dparoles.net/mute.jpgExpression chère à notre confrère Philippe Baralon, qui exprime la difficulté quasi pathologique que nombre de confrères manifestent lorsqu'il s'agit d'annoncer le montant de leurs honoraires.

Oui la santé a un coût, élevé même. Le déficit abyssal de la sécurité sociale (plus de 23 milliards d'euros en 2010) devrait nous le rappeler... Mais j'ai le sentiment que tout est fait pour donner l'illusion du contraire... (carte vitale, tiers payant...). 

NOUS VALONS NOS HONORAIRES!

Annoncez-les fermement sans hésitation aucune au risque d'entamer votre crédibilité. Gardez à l'esprit que:

  • nous avons fait des études longues et difficiles
  • nous avons des investissements matériels couteux
  • nous avons un stock important (souvent dans 10-15k€)
  • nous avons du personnel
  • nous avons des locaux techniques
  • nous ne roulons pas sur l'or

Si l'on vous reproche des prix trop élevés, il convient d'abord de bien comprendre ce que votre interlocuteur sous-entend : est-ce vos tarifs qui sont trop chers par rapport au marché ou est-ce son enveloppe budgétaire qui est trop limitée ? Le plus souvent c'est l'enveloppe budgétaire qui coince, pourquoi? Et bien pour deux raisons majeures:

  • les clients n'ont (merci le système français) aucune idée de la réalité des coûts de la santé contrairement aux pays anglo-saxons,
  • ces dépenses sont rarement prévues! et seront donc toujours trop chères...

En clair arrêtons de complexer parce que nos services sont chers. Un service de qualité a forcément un coût. On n'attend pas la même chose chez Lidl et chez Fauchon. Le prix reflète la qualité du service. A nous de savoir quoi proposer et quelle est notre cible. 

La perte de chance

Depuis quelques années j'ai vu émerger chez certains confrères un complexe curieux, celui de la perte de chance.http://blogs.hds.com/hu/wp-content/uploads/2011/02/choice.jpg Conséquence directe de la judiciarisation de notre société, la belle non-voyante reprochant assez facilement ce grief à tout professionnel de santé. 

Ce complexe s'est développé en parallèle avec la course au diplômes. Du coup on se limite avec des questionnements existenciels du genre, ne devrais-je pas l'envoyer voir quelqu'un de plus diplômé (je n'ai pas dit compétent...). On n'ose référer un cas à un confrère si celui-ci n'est pas diplômé de tel ou tel college de spécialiste, sous prétexte de possible perte de chance!

Poussons le raisonnement à l'extrême... lorsqu'on choisit de faire une analyse dans sa clinique, n'est-on pas déjà dans la perte de chance? notre analyseur est-il assez précis? suffisamment contrôlé, vérifié, étalonné? Lorsqu'on choisit d'envoyer un prélèvement histologique auprès de tel ou tel anatomo-pathologiste n'est on pas déjà dans la perte de chance? Arrêtons le délire!

Je pense qu'il faut arrêter de se mettre soi-même des freins. Nous connaissons tous nos limites, et combien même nous serions nous trompé?... quelles seront les conséquences?

  • Nous payons une RCP qui sert (en partie) à ça
  • Le droit français considère (à tort ou à raison) les animaux comme des biens meubles, donc avec une valeur limité (exception faite de certains chevaux de course...), quel est le risque financier? voisin de zéro!!
  • Le client suspecte une faute? très bien, charge à lui d'en apporter les preuves. dura lex, sed lex 

En conclusion...

Libérons nous de ces freins idiots, nous le valons bien!
Et pour ce qui est d'une éventuelle perte de chance, proposons les diverses alternatives au client, il choisira.

Publié dans entre2vet

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E
<br /> <br /> @Nicole<br /> <br /> <br /> je suis quasi véto. Il y a deux semaines j'ai laissé ma voiture au garage pour changer des plaquettes de frein et des pneus. On m'appelle dans la matinée : les freins sont soit disant à changer.<br /> Paff 1200e.<br /> <br /> <br /> 1200e c'est tout mon salaire de juillet, c'est aussi le prix d'une hernie discale sur un chien, et je doute que changer des freins nécessite autant de technicité et un matériel aussi précis.<br /> <br /> <br /> Quand à dire que " les vétos sont incapables de se rendre compte que les situations changent" . .. Ma bonne dame, une consultation chez un véto c'est 10% de  médecine et 90% de social, et<br /> vous osez encore soutenir que on vit dans un autre monde? Est à nous d'assumer que des gens prennent des animaux qu'ils sont incapables d'assumer en cas de problème?<br /> <br /> <br /> Pardonnez moi ma bonne dame, mais tant qu'à bosser pour des cacahuettes avec mon beau bac +7, je préfère encore le RMI, deux trois bricoles au noir et me tourner les pouces toute la sainte<br /> journée<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Il y a surtout une chose qui manque à mon avis à certains vétos ; c'est la compréhension qu'on est dans un monde dans lequel les situations évoluent. On peut avoir un animal sans penser le moins<br /> du monde qu'on va se retrouver au chômage. Une fois qu'on y est, humain, on a la sécu. Pour l'animal, les frais sont beaucoup plus onéreux.<br /> <br /> <br /> Lundi mon chat allait bien. Jeudi, mauvaise respiration, appel : je le laisse, quand je reviens, j'entends 394 €...je demande s'il est possible de décaisser mon chèque fin de mois : non, vous en<br /> faîtes 2, un maintenant, un le 20 juin.<br /> <br /> <br /> En tant que propriétaire, je trouve ça dur, brutal. La question n'est pas de payer, mais de ne pas faire de chèque en bois, et donc de pouvoir adapter son budget, au moins être averti à l'avance.<br /> <br /> <br /> Là, elle trouvait ça très atypique. Quand je reviens, je vois les nouvelles radios (la première était bonne), le bilan sanguin ne révèle aucun problème (16 ans), et elle me décrit ce qu'elle<br /> observe à la radio sans aucun mot que je puisse comprendre, puis me montre l'ordonnance, avec des médicaments sur plus de 20 jours.<br /> <br /> <br /> Je ne sais plus quel mot me tire l'oreille. Je demande "tumeur ?" "je le crains, tumeur laryngée"...je dis ma position, très précise : je ne souhaite pas prolonger un animal que j'aime dès lors<br /> qu'il souffre. Donc, si c'est ça, je préfère l'euthanasier.<br /> <br /> <br /> Il faut une biopsie.<br /> <br /> <br /> Sonnée, je rentre, réalise que je n'ai même pas les radios pour me représenter (pour 100 €, il me semble qu'on peut les donner, ou proposer de les envoyer par mel). Je cherche des infos (les<br /> propriétaires, c'est aussi chiant que les patients en médecine) ; je vois une thèse de Maisons Alfort : pronostic sombre.<br /> <br /> <br /> Mon chat devait selon elle aller mieux, manger en rentrant. Pas la plus petite amélioration. Je dirais plutôt pire.<br /> <br /> <br /> Ces situations, j'imagine que vous les rencontrez à un rythme que j'ignore. Pour moi, le mieux aurait été d'être accueillie par "Madame, c'est grave, possiblement irréversible -elle a déjà dû<br /> m'anesthésier un chat- il y a des frais, je vous expose en nommant précisément ce qu'il en est, et vous donne le montant (j'ai du demander, après avoir entendu "rien aujourd'hui, on voit lundi".<br /> Elle fait une biopsie sans fibroscopie, et dans une autre clinique où je me suis renseignée, il faut la fibroscopie pour faire la biopsie. Coût : 295€.<br /> <br /> <br /> Ces choses doivent être énoncées le plus clairement et le plus honnêtement possible, ce qui permet d'avoir confiance.<br /> <br /> <br /> J'ai du demander la précision sur l'éventualité d'une tumeur, sur les honoraires. Pour lundi, elle m'a dit "ce sera moins cher", et j'ai pas demandé, j'étais sonnée.<br /> <br /> <br /> Tout ça pour dire que ce n'est pas une question de payer, mais il est possible de manifester qu'on sait le besoin du propriétaire de l'animal de savoir.<br /> <br /> <br /> Ce soir, vue la souffrance de mon chat, je préfère le voir partir dans mes bras plutôt que d'entendre cette souffrance respiratoire des semaines. A qui ça ferait du bien ?<br /> <br /> <br /> La souffrance de l'animal qui dure en parallèle à des frais conséquents pour possiblement aboutir sur une euthanasie -on ne laisse pas un animal condamné souffrir- donne le sentiment ou peut<br /> donner le sentiment que le véto pense trop à lui en premier.<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> en  lisant votre "ta" réponse j'ai l'impression que c'est une secte qui répond lol !<br /> <br /> <br /> le tri pour certaines personnes se fait hélas trop tard ! et non mon opinion n'est pas généralisée ! je pense "enfin" avoir  un bon véto en qui je fais confiance !<br /> <br /> <br /> Parce que je le vaux bien moi aussi ;-)<br /> <br /> <br /> C'est cette phrase qui m'agace :"<br /> <br /> <br /> "...Le client suspecte une faute? très bien, charge à lui d'en apporter les preuves. dura lex, sed lex  ..." et je réitère on l'a dans le C.L là faut pas comparer avec<br /> la médecine humaine!<br /> <br /> <br /> <br /> Et oui partout il y a des brebis galeuses mais toutes n'ont pas un vie entre leurs mains !!!<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Cette phrase qui t'agace c'est du droit français, je ne suis pas le legislateur. Donc oui le droit français est protecteur, et je dirais même plus, heureusement car<br /> sinon il n'y aurait plus de soignants que ce soit en médecine humaine ou bien vétérinaire. Pourquoi est-il protecteur? Et bien parce que dans l'immense majorité des cas tous les moyens possibles<br /> ont été mis en œuvre pour soigner, mais parfois ça ne suffit pas. C'est vécu comme un échec du côté soignant (les médecins disent qu'ils ont tous "leur cimetière"), et comme une trahison de la<br /> part des patients/clients. <br /> <br /> <br /> Ce qui a changé dans le monde d'aujourd'hui c'est la notion de fatalité. La société d'hier acceptait plus facilement cela. Aujourd'hui il faut un coupable, un<br /> responsable, il faut que quelqu'un paie. Et le coupable et bien c'est souvent, trop facilement le soignant. Et bien non, il n'y a pas toujours de coupable.<br /> <br /> <br /> Pour en revenir à mes propos, ce que je voulais exprimer c'est le fait qu'il n'est pas nécessaire, en médecine vétérinaire, d'aller voir un dermatologue quand le<br /> chien se gratte, un spécialiste en chirurgie pour une castration, ou même un cardiologue lors d'une insuffisance cardiaque. Nous avons la formation intiale ou continue pour gérer la quasi<br /> totalité des cas que nous recontrons. <br /> <br /> <br /> Et en ce qui concerne la médecine humaine, pour avoir des amis médecins, les coulisses ne sont pas toujours brillantes non plus...<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> <br /> "Un service de qualité a forcément un coût." tout à fait d'accord mais faut faire le tri des vétérinaires qui assure ce "service" !!! CQFD<br /> <br /> <br /> "et combien même nous serions nous trompé?... quelles seront les conséquences?"<br /> <br /> <br /> ouais là ça fait peur !!! c'est le proprio qui l' a dans le C.L malgré que l'on vous fasse confiance et qu'on vous confie une vie "ouais pas humaine" donc mon gars prouve que j'ai fait une<br /> erreur !<br /> <br /> <br /> vous en-voulez des "anecdotes" de vétos incompétents oups pardon sont pas incompétents ils ont fait 7 ans d'études, ont du matos,des frais.....<br /> <br /> <br /> Il y a des clients très chiants certes ! mais il y a des vétos qui ne devraient pas exercer et c'est quoi les recours ? quasiment rien comme vous dîtes.<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Evidemment il y a chez les vétérinaires, comme dans toute profession et chez l'homme de manière général des brebis galeuses.<br /> <br /> <br /> Le tri comme tu dis, il se fait assez vite! le bouche à oreille est quelque chose de redoutable et une mauvaise réputation peut se faire très rapidement!! A<br /> l'inverse il est long et difficile d'avoir bonne réputation. <br /> <br /> <br /> Au passage, en médecine humaine, c'est aussi au patient de démontrer l'erreur médicale... mais à te lire je perçois du ressentiment et j'ai l'impression que ton<br /> opinion est déjà faite, voire même généralisée, et comme on dit il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. <br /> <br /> <br /> Bien à toi.<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> <br /> Bravo !<br /> <br /> <br /> <br />
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